Outre ses belles plages, Maurice, c’est aussi un triste record : en 2021, un rapport publié par la FAO a dévoilé que l’île était devenue le plus grand consommateur de pesticides par kilomètres carrés au monde ! Pourtant, les agriculteurs mauriciens ont la possibilité de diminuer le recours aux pesticides, et les consommateurs ont le pouvoir de mieux manger – notamment en s’informant afin de faire des choix plus conscients. Le point ici.
Un constat saisissant
En 2016, coup de tonnerre pour les Mauriciens : dans une enquête en plusieurs volets du journal local L’Express, on découvre avec stupeur que diverses analyses ont permis de déceler un taux excessif de résidus de pesticides dans l’écrasante majorité des légumes locaux… Mais ce n’est qu’en 2018 qu’un projet de loi – Use of Pesticides Bill – voit le jour, afin de minimiser les risques pour la santé humaine et l’environnement en régulant et contrôlant l’importation et l’utilisation des pesticides. Les améliorations tardent pourtant à se faire sentir : malgré la loi (appliquée dès 2019) et quelques timides progrès, les contrôles restent insuffisants – et des quantités anormalement élevées de pesticides sont encore relevées sur de nombreux fruits et légumes locaux.
Un peu d’espoir…
Certains producteurs mauriciens ont pourtant fait le choix de passer à l’agriculture biologique (sans engrais ni pesticides chimiques), voire raisonnée (utilisation minimale d'engrais et de pesticides chimiques) ou hydroponique (similaire au raisonné, mais avec une production en hors-sol). D’ailleurs, ces agriculteurs n’ont souvent pas attendu l’application de la nouvelle loi pour agir, ayant simplement pris conscience qu’une autre voie était possible pour aider la population à manger plus sainement – une façon de mieux se respecter, tout en respectant la planète.
Citons ainsi le Vélo Vert , à l’origine de sa propre charte de qualité et proposant des paniers hebdomadaires à sa clientèle ; Farmbasket , qui permet de commander en ligne des produits bio issus de ses champs ainsi que d’autres provenant d’agriculteurs partenaires ; Agribio , la seule exploitation de l’île à détenir le label bio français AB ; Top Nature , produisant sous serre et en hors-sol des produits sans pesticides de synthèse ; ou des « petits nouveaux » comme GFT Organic , proposant des produits 100 % bio cultivés en permaculture, ou encore Péizan et ses légumes bio cultivés grâce à l’aquaponie. De grands groupes de l’île proposent aussi des produits en agriculture raisonnée, comme ENL (via sa marque Field Good ) ou Medine (avec Les Jardins de Medine ).
Le pouvoir du consommateur
Des initiatives, il y en a donc. Mais le consommateur a aussi un rôle majeur à jouer : en privilégiant les marques labellisées pour leurs bonnes pratiques lors d’un passage au supermarché, par exemple, ou mieux encore : en achetant directement auprès de producteurs « sérieux ».
Vous êtes sur un marché et vous ne savez pas comment faire le bon choix ? N’hésitez pas à discuter avec les producteurs, en leur posant des questions sur leurs méthodes de travail : comment sauvent-ils leurs récoltes en cas de maladie, de sécheresse ou de grosses pluies par exemple ? Et si vous rencontrez un agriculteur qui semble insensible à l’importance de réduire sa dépendance aux pesticides, n’hésitez pas à lui faire part de vos inquiétudes et des conséquences dramatiques que peuvent avoir leur utilisation en grande quantité : après tout, nous sommes tous concernés par notre propre santé et celle de nos enfants.
À nous de jouer !