S'évader

Comme un bon dessert, cette rubrique vous fait voyager, vous detend et vous fait rêver.


Transie par Max Anish

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Une voix bienveillante. Des œuvres d’une intensité étourdissante. Des passions pour la cuisine, la danse, la mode. Non, Max Anish Gowriah n’est pas un artiste comme les autres.

Il parle avec candeur de son enfance empreinte de discipline et de silence et d’une solitude qu’il a appris à apprécier avec l'âge. De sa transformation d’Anish à Max, à l’âge de 16 ans. De cette main créatrice, qui n’a jamais (ou presque) cessé de dessiner, de gribouiller, d’illustrer, de photographier, d’esquisser des visages, des tenues de mode, des corps. De son rapport à lui, de son rapport à l’Autre.

Jeune, Anish avait peur. 

“Quand j’ai créé Max, je me suis détaché d’Anish. Max m’a permis d’imposer ma volonté. Il m’a donné le courage de m’exprimer de manière authentique. Il m’a libéré. [...] Aujourd’hui, je traite mon corps comme un enfant”, dit-il. Mais lui qui se sent enfant pense comme une vieille âme, avec la profondeur de vision et la sensibilité qui anime les sages.

Aparte Max Transie inside

Adolescent, Max s’éloigne du dessin, trop associé à son passé, et commence à photographier. Lauréat d’un concours de photographie de mode, il découvre cet univers qui l’inspire et s’envole pour Florence, en Italie, où il restera pendant 7 ans pour faire une école de mode. Quand il parle de Florence, il jubile. “J’ai dévoré ces moments avec amour”. Diplôme en main, il fait un stage chez Agnès B. à Paris, produisant plus de 3 000 dessins en 6 mois. C’est un retour fougueux vers ses premières passions.

Lorsqu’il rentre à Maurice après un deuxième stage, il ne peut plus repartir à cause du Covid. “J’avais des problèmes familiaux et je ressentais une colère bestiale. J’ai réalisé des peintures très dark – j’ai tout tiré.” Cet élan cathartique porte ses fruits, puisqu’il décroche sa première exposition en solo à la galerie Imaaya peu de temps après, suivie d’une seconde en 2022. Depuis 2016, il utilise également les réseaux sociaux pour vendre ses œuvres. Il l’affirme sans détour : Instagram l’a sauvé. Les photos sont expressives, travaillées, irrésistibles. L'œuvre est dans la photo, mais la photo est elle-même une œuvre où Max se met en scène avec panache.

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Ces jours-ci, Max pratique son art, danse et s’occupe de ses chats dans le studio où il vit à Quatre Bornes. “Jeune, j’ai ressenti beaucoup de honte. Mais la honte tue la créativité. Maintenant je danse comme un enfant, j’utilise tous mes sens en cuisine, je laisse mon corps écouter ma voix. Je suis tellement satisfait !”. Parfois, quand il manque d’inspiration, il commence par lui – littéralement. “Je dessine mon œil. Puis l'œil devient animal, ou plante, ou corps. Ma main fait le boulot, et mes yeux regardent”, dit-il. Mais ses photos révèlent aussi une vraie envie de montrer l'Autre, et un amour généreux pour ses amis qu’il aime capturer sur la pellicule.

Artiste apaisé mais toujours passionné, il réunit aujourd’hui ses identités plurielles en un soi qu’il écoute et estime. “Chaque matin, je dis bonjour à un nouveau Max. Et chaque soir, je lui dis adieu. Je fais toujours la vaisselle avant d’aller dormir, par respect pour le Max de demain”.  On ressent en lui parlant un véritable lâcher prise, une curiosité pour le monde, une envie d’aimer. “Ce qui me stimule le plus, dit-il, c’est la soumission à la vie”.

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